La Danse des Pensées, une Symphonie de présence au-delà des échos du mental.

Les pensées sont des visiteuses capricieuses, et prennent naissance de manière spontanée, suivant des associations d’idées, des rebonds, des interactions entre divers aspects de notre existence – l’environnement, les relations, les souvenirs, les besoins vitaux, les sensations corporelles et les réactions émotionnelles. Elles évoquent souvent des schémas familiers, répétitifs comme des échos, qui échappent à notre contrôle. Il est fréquent de croire que nous en sommes les auteurs, mais en réalité, nous sommes façonnés par elles. Ce flux mental peut être apaisé par la quiétude ou exacerbé par une agitation intérieure, en lien direct avec l’identification aux contenus de ces pensées.

Cette dynamique est à l’image d’une personne qui en regardant la télévision ressentirait toutes les émotions des personnages à l’écran. De manière similaire, notre pensée rebondit fréquemment, échappant à notre emprise. L’identification constante aux contenus des pensées peut engendrer instabilité et insécurité, une spirale dont il est difficile de se libérer.

Ce processus peut être considéré comme en accélération constante – plus nous pensons, plus les pensées prolifèrent. Inversement, une connexion profonde avec le corps et la présence directe offre une expérience apaisée, comme si nous avions débranché la prise électrique de la télévision, plongeant ainsi la pièce dans le calme et le silence.

Ralentir le flux de pensées devient essentiel pour être pleinement présent et conscient. La pleine présence, en restant centré dans l’instant présent, permet d’être véritablement soi-même, attentif et disponible, libéré des pensées parasites.

Il est essentiel de reconnaître que penser est un processus naturel, et c’est l’excès de pensées qui peut entraîner des problèmes tels que l’insomnie ou des décisions dénuées de subtilité lorsque la tête est coupée de l’intuition du cœur. Ainsi, plutôt que d’essayer d’arrêter complètement de penser, le défi réside dans le déplacement du centre de gravité vers le bas, loin de la tête.

Imaginez une bouteille de champagne. Il est tout à fait normal que des bulles remontent du fond, tout comme il est naturel d’avoir des pensées dans le champ de la conscience. Cependant, si on secoue trop vigoureusement la bouteille, le bouchon risque d’exploser, tout comme notre tête peut s’échauffer excessivement si nous agitons trop fort nos préoccupations mentales.

Dans l’incertitude, revenez à votre corps. Laissez les pensées de doute circuler, abandonnez le dialogue intérieur du « oui, mais », et accueillez simplement ce qui se présente, y compris le « oui, mais… ». Observez-le, constatez-le, et laissez-le être, sans y accorder trop de réflexion. Restez en contact avec ces émergences de doute, tout en respirant calmement. Notez que vous n’êtes pas ces pensées ni ces émotions, même si elles sont présentes en vous. Accueillez-les dans le champ de votre conscience. Laissez ces pensées se répandre ou se dissoudre, sachant que cela ne vous concerne pas. Vous êtes celui qui observe, détaché, dans la sérénité de votre regard.

Au lieu de tenter de « penser à ne pas penser », il est possible de cesser d’alimenter l’activité mentale en se focalisant uniquement sur l’attention. Bien que l’arrêt total de la pensée soit impossible, diriger délibérément l’attention vers l’écoute contemplative et l’observation de ce qui est, peut créer des instants d’absence de pensée en restant conscient et attentif. C’est dans cet état de présence, sans pensée d’aucune sorte, que notre véritable conscience émerge, contrairement à la distraction mentale qui nous rend « moins conscients.

Cesser de s’attacher aux « histoires » que les pensées nous racontent devient crucial. Arrêter de définir notre identité en fonction des fluctuations mentales et cesser de chercher des miroirs dans les événements extérieurs permet de s’affranchir des illusions. Le véritable soi ne peut être défini par des circonstances extérieures, mais au contraire, ces circonstances sont imprégnées de qui nous sommes.

Le travail intérieur nécessite de déconstruire la fausse croyance selon laquelle notre travail ou nos actions nous définissent. C’est une fuite en avant vers la découverte de soi jusqu’à réaliser que l’extérieur ne peut fournir de réponse. Bien que le travail et l’action soient nécessaires, ils ne doivent pas être entrepris dans l’espoir de se définir. Ces récits justifient souvent notre exil dans le monde mental et les pensées.

Apaiser le tumulte mental est essentiel pour être pleinement présent à Soi. Le calme intérieur est indispensable, car sans lui, nos bonnes intentions, ont un impact limité. Bien que l’arrêt total de la pensée soit impossible, diriger délibérément l’attention vers des expériences conscientes permet de transcender les pensées parasites et de vivre une présence authentique. En adoptant cette approche, vous découvrirez une paix intérieure qui transcende le bruit incessant de la pensée.

« J’ai appris, dit le Petit Prince, que le Monde est le miroir de mon Âme…
Quand elle est enjouée, le Monde lui semble gai. Quand elle est accablée, le Monde lui semble triste.
Le Monde, lui, n’est ni triste ni gai. Il est là, c’est tout.
Ce n’était pas le Monde qui me troublait, mais l’Idée que je m’en faisais…
J’ai appris à accepter sans le juger, totalement, inconditionnellement… »


Antoine de Saint-Exupéry

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